Vous traversez la rue Félix-Poulat, bien décidé à ne pas perdre une seconde. Là, des bras s’ouvrent devant vous. “Un câlin gratuit ?” Et là, vous faites un choix. Soit vous écartez les bras à votre tour, soit vous faites une mine gênée et quelques pas de côté. En farfouillant sur Internet, les premiers câlins gratuits, les “free hugs”, semblent remonter à 2007.

À Grenoble, des câlineurs récidivistes se donnent rendez-vous “une à deux fois par mois”. La dernière, c’était le 11 novembre, à 11h11 (normal) : quinze Grenoblois s’étaient installés rue Félix-Poulat, armés de pancartes. Et le “grand manitou du poutou”, c’est Christophe. Déjà 3 ans qu’il ouvre les bras. “On a tous besoin de câlins, c’est ma philosophie”. Et puis, contre toute attente, l’euphorie prend. Les câlineurs éclatent de rire, oublient leur timidité et foncent. Même si, forcément, il y a des réfractaires. “Je vais vous laisser vous câliner entre vous, parce que pour moi, l’intimité, c’est privé”, lance un passant. “C’est pas grave, il veut rester dans sa bulle et ne laissera personne entrer”, analyse Christophe. Isabelle, qui était la première au rendez-vous, vient pour la première fois. “Dans les pays plus pauvres, les gens se touchent beaucoup plus, ils se donnent de la tendresse. Ici, on a moins de solidarité, comme on a de l’argent”, déplore-t-elle. Marine, elle, distribue les embrassades depuis un an et demi. “C’était le jour des six ans de mon fils. Il n’était pas avec moi et j’avais besoin de tendresse”. Elle l’a trouvée.

 

Addict aux câlins

Et dès les premiers bras qui s’ouvrèrent à elle, Marine est devenue... addict. “C’était fou, je n’arrivais plus à m’arrêter tellement c’était bien”, se souvient-elle. Sa pancarte à elle est un peu personnalisée. “Le bleu, c’est ma couleur. Tiens, il reste encore du sable du Cap d’Agde !”

Pour se tenir informé des futurs rendez-vous pleins de tendresse organisés par Christophe et ses compères, il suffit de rejoindre son groupe, sur Facebook, intitulé “Câlins gratuits – Grenoble”

 

Sarah Lachhab